À l’abri (7)

Cette histoire a commencé ici.

En prison

— Bonjour, je suis le commissaire Blade. J’aurais quelques questions à vous poser.

Un commissaire ? L’image des corps inanimés d’Anna et Jimmy s’impose à ma mémoire. Je me demandais dans quel état ils étaient ; je crois que j’ai la réponse… Si un commissaire veut me poser des questions, c’est sûrement que je les ai tués.

— Pouvez-vous parler ? continue le scaphandrier numéro deux.

J’incline la tête vers ma poitrine. Au passage, je remarque que ça fait mal. Après tout, je me suis pris un coup de couteau dans le bide ! Je les ai peut-être tués, mais c’était un cas de légitime défense…

— Vous vous souvenez de quelque chose ? demande le commissaire.

De nouveau, j’opine du chef.

— Racontez-moi ça.

Par où commencer ? Et puis, d’abord, qu’est-ce qu’il veut savoir, exactement, le commissaire ?

Péniblement, j’articule mes premiers mots.

— J’étais dans l’abri…

— Delta Un, précise Blade. C’est là qu’on vous a trouvé. À côté de deux cadavres.

Cette fois, plus de doute : je sais pourquoi un commissaire est venu me rendre visite à l’hôpital…

— Qu’est-ce qui s’est passé ?

Mon cœur s’affole. Après tout ce temps enfermé dans cet abri, toutes ces heures passées à scruter une porte derrière laquelle on pouvait manifestement vivre (sinon, comment serais-je arrivé ici ?), finir accusé de meurtre, c’est vraiment trop con !

Le commissaire s’impatiente.

— Vous aviez un couteau dans la main et vous étiez le seul survivant. Vous les avez forcément tués !

J’essaie de me défendre.

— On n’avait plus de nouvelles à la radio. On ne savait pas ce qu’il y avait derrière la porte…

Blade hoche la tête pour m’encourager.

— Quelqu’un a voulu essayer d’ouvrir la porte, dit-il.

La surprise me fait ouvrir la bouche.

— Comment savez-vous ?

— Ça paraît logique, non ? lâche-t-il en haussant les épaules. La vraie question est : qui a voulu ouvrir ? Vous ?

— Oui, moi. Mais je n’ai pas pu : ils m’en ont empêché. Alors comment suis-je arrivé là ? On est où, ici ? Et dehors, c’est comment ?

Les mots se bousculent dans ma tête ; je ne comprends plus rien…

— Ça suffit pour aujourd’hui, intervient alors le Docteur Toad. De toute façon, il ne risque pas de se sauver, conclut-il en riant.

Les deux hommes disparaissent de mon champ de vision. Je soulève la tête autant que je peux pour les voir encore un peu. Je n’aperçois qu’une lourde porte qui se ferme dans un bruit menaçant de verrous.

Je suis à l’hôpital ou en prison ?

À l’hôpital, manifestement : on me soigne. Et puis, il y a un docteur. Mais pourquoi suis-je enfermé, alors ? Parce que j’ai tué des gens ? Comme si j’étais en état de me lever ! Comme l’a si bien dit le Docteur Toad, je ne risque pas de me sauver… Alors quoi ?

Les radiations.

Ça doit être ça. Si on m’enferme, c’est pour protéger les autres. Parce que je suis dangereux.

Mais eux, le flic et le toubib, où est-ce qu’ils ont passé tout ce temps ? Dans quel abri ? Et comment ont-ils su qu’on pouvait sortir ? Il faut que je me lève, que je les retrouve. J’ai le droit de savoir !

J’essaie de bouger les pieds, les mains… Puis les bras. Avec les jambes, c’est plus dur. Qu’est-ce que j’ai mal au bide…

Une voix sortie de nulle part me fait tout à coup sursauter :

— Calmez-vous. Vous êtes trop faible pour vous lever.

À suivre

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