À l’abri (8)

Cette histoire a commencé ici.

Comme des souris de laboratoire

Mine de rien, des mois de confinement dans l’abri ont laissé leur trace et m’ont donné certains réflexes. Instinctivement, je regarde au plafond : les coins de la pièce sont équipés de haut-parleurs. Comme dans Delta Un.

Ce n’est sûrement pas un hasard.

La colère me gagne quand je réalise ce que ces quelques mots issus des haut-parleurs signifient : on m’observe. Comme dans l’abri ?

— Qu’est-ce que je fous là, bordel ? Où est-ce que vous m’avez amené ? Qu’est-ce qui s’est passé dehors pendant tout ce temps ? J’ai le droit de savoir !

La douleur explose tout à coup dans ma tête. J’ai l’impression de tomber, longtemps, et puis c’est le trou noir…

Une fois encore, ce sont les voix de Toad et Blade qui accompagnent mon retour à la conscience.

— Parfois, j’ai pitié d’eux, soupire le commissaire. Ces pauvres gens ont vraiment cru à notre histoire d’attaque nucléaire. Ils ont vécu enfermés comme des rats pendant des mois. Tout ça pour finir par s’entretuer.

— C’était bien le but de cette simulation, non ? Voir comment des gens qui ne se connaissent pas arrivent à cohabiter dans un espace fermé. Comment ils arrivent à survivre… ou pas !

On me prend la tension. Quelqu’un me soulève la paupière ; je ne peux pas m’empêcher de la refermer violemment.

— Il va bien, dit le Docteur Toad, l’air satisfait. Vous pouvez l’interroger.

La colère m’emplit à nouveau. Si j’en crois ce que je viens d’entendre, tout ce temps passé dans l’abri n’était qu’une farce. Une « expérience ». Et ils veulent encore me poser des questions ? Comme si ce n’était pas à moi de demander des réponses !

Blade semble avoir lu dans mes pensées.

— Vous vous posez sans doute des tas de questions…

Tu parles, Charles !

— Allez-y, je vous écoute.

Malgré moi, mes yeux se sont ouverts en grand et braqués sur le scaphandre qui me fait face.

— Pourquoi portez-vous cette combinaison ?

— Pour vous protéger. Vous êtes resté tellement longtemps enfermé que votre organisme n’est plus capable de résister aux microbes et virus de l’extérieur.

L’extérieur… Un vertige me prend à la simple écoute de ce mot. Je me rends compte que dans l’abri, nous avons toujours évité de le prononcer.

Quand je me remets à parler, ma voix tremble un peu.

— Il n’y a jamais eu d’attaque nucléaire, n’est-ce pas ? Il a toujours été possible de vivre normalement ?

Blade opine du chef, comme s’il lui était trop pénible de reconnaître la vérité. J’en ai les larmes qui affluent. Une envie de crier qui monte et finit par me dévorer.

— Noooonnnn !

Tous ces rêves de printemps, de soleil, de grand air… Un doute m’envahit.

— La porte… Elle s’est verrouillée tout de suite. Mais après, qu’est-ce qui s’est passé ? On aurait pu l’ouvrir ?

De nouveau, Blade me donne l’impression de ne pas oser répondre. Lorsqu’il s’y résout, sa voix n’est plus qu’un mince filet.

— Les portes ont été déverrouillées au bout d’une semaine.

— Les portes ?

— De tous les abris.

— Tous les abris ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?

— Nous avons voulu faire une expérience, grandeur nature, sur une ville entière.

— Et qu’est-ce que ça a donné ?

À suivre

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4 réflexions au sujet de « À l’abri (8) »

    1. Bonjour Patricia,

      La suite arrive… la semaine prochaine 🙂
      En attendant, j’ai un livre qui me tient à cœur à vous présenter…

      Florence

    1. Bonjour Jean-Philippe,

      Comme le disait si bien le générique d’une série que j’ai adoré : la vérité est ailleurs^^
      En tout cas, pas là où on l’attend. Même si certains avaient deviné.
      La suite arrive. J’espère qu’elle vous surprendra encore 😉

      Florence

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