À l’abri (5)

Le début de cette histoire se trouve ici.

Le renouveau du printemps

Fallait-il essayer d’ouvrir la porte ? Nous en avions discuté ensemble. Normalement, les portes des abris étaient programmées pour s’ouvrir automatiquement dès que le taux de radiations extérieur redevenait compatible avec la vie humaine. Il n’y avait donc qu’à attendre. Mais normalement, la radio nationale ne s’arrêtait jamais d’émettre. Or c’était arrivé.

— Il faut essayer d’ouvrir la porte. Si ça se trouve, le programme de blocage s’est arrêté comme la radio ; il n’y a qu’à baisser la poignée pour que la porte s’ouvre.

— Peut-être, mais si le programme de blocage a foiré…

— … ce qui nous attend derrière la porte, ce sont des radiations mortelles !

— On ne peut pas savoir sans essayer d’ouvrir.

— C’est trop dangereux.

— D’ailleurs, on ne saura rien. Je vous rappelle que les radiations, ce n’est pas visible.

À l’intérieur, c’est sûr, nous pouvions encore tenir plusieurs mois sans risques. Mais dehors… Dehors, c’était comment, bon sang ?

La poignée de la porte m’attirait comme un aimant.

 

Aujourd’hui, je me suis réveillé au milieu d’un rêve. C’était le début du printemps. L’une de ces journées où la vie reprend ses droits. Où l’on sent des fourmillements joyeux dans tout son corps… Cette sensation ne m’a pas quitté depuis.

C’est décidé : je vais essayer d’ouvrir cette foutue porte.

Anna et Jimmy sont dans la salle d’accueil. Tant pis. Je me dirige droit vers la porte. Mais ils ont compris ce que je veux faire et s’interposent.

— Fais pas le con ! me lance Jimmy.

— N’oublie pas ce qui est arrivé à Marco, ajoute Anna.

Interloqué, je la dévisage. Elle soutient mon regard d’un air de défi. Incertain, je recule un peu. Les deux ados me font face. Je m’aperçois alors qu’ils ont chacun un couteau de cuisine dans la main.

— Marco, c’était un accident, reprend Anna. Mais ça nous a donné des idées.

— Fais pas le con… répète Jimmy

Mais dehors, il y a peut-être le soleil. Le printemps. La sève qui monte dans les arbres. Les fourmillements joyeux que je n’arrive pas à oublier…

Je dois maîtriser Anna : c’est la plus dangereuse. Mais Jimmy ne va pas me laisser faire. D’une bourrade, je l’envoie rouler par terre : il est tellement frêle. Le bruit de sa tête sur le coin de la table basse me fait sursauter. Je me tourne vers lui. Anna en profite pour me sauter dessus et la douleur explose dans mon ventre. La salope ! Elle m’a planté.

Recroquevillé par terre, les mains sur ma blessure, j’essaie de retenir le sang qui s’écoule. À côté de moi, Anna hurle :

— Il est mort ! Vieux con ! Tu l’as tué !

Dans un sursaut, je lui arrache le couteau des mains. Maintenant, c’est elle ou moi. Pas le choix. Le sang cogne dans mes tempes. Je vois flou. Il faut que j’y arrive…

 

Allongé sur le sol, je ferme les yeux. Bon sang, qu’est-ce que je ne donnerais pas pour sentir à nouveau le soleil et la brise sur ma peau… Mais c’est trop tard : je n’ai même plus la force de me traîner jusqu’à la porte.

Je vais mourir. Comme les autres.

À l’abri…

Mais de quoi ?

À suivre

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4 réflexions au sujet de « À l’abri (5) »

  1. Aïe Florence,

    Mais c’est quoi ce carnage ?

    Si tout le monde crève avant d’ouvrir la porte on ne saura JAMAIS ce qu’il y a DEHORS ???

    Et on est jeudi, alors il va falloir passer le week-end sans savoir ?

    Pauvre de petite moi qui prend ses premières VRAIES vacances depuis 2007 la semaine prochaine !!!

    Ah, cruelle Florence, je trouverai bien un moyen de me « plugger sur Internet » quand même la semaine prochaine …

    Non mais, ces auteurs de nouvelles, ce qu’ils s’en permettent quand même …

    Tu deviens « aussi pire » que Jean-Philippe avec l’autre là qui court après ses pilules magiques.

    OMG

    Avec toutes ces histoires, on n’est plus des abonnés, on est des accros !!!

    Allez, bonne journée quand même …
    MarieBo Articles récents..Certains tapent sur des casseroles …My Profile

    1. Bonjour MarieBo,

      C’est de ta faute, aussi : tu aurais pu prévenir que tu allais prendre des vacances 😀
      Imagine quand même que dans sa première version, la nouvelle s’arrêtait là ^^
      Allez, bonnes vacances 🙂

      Florence

  2. Salut Florence,
    Sans trop me faire remarquer, je suis la progression de l’intrigue et suis impressionnée par ta capacité à nous mettre ainsi en haleine !
    J’attends la suite avec impatience…
    Patricia

    1. Bonjour Patricia,

      Merci pour ton commentaire. J’avoue prendre beaucoup de plaisir à ce nouvel exercice d’écriture. Si mes lecteurs apprécient, c’est encore mieux 🙂
      À bientôt pour la suite 😉

      Florence

Les commentaires sont fermés.