À l’abri (6)

Le début de cette histoire se trouve ici.

Cosmonaute

Un bourdonnement m’emplit la tête. Il résonne de plus en plus fort, jusqu’à occuper toute la place. Bientôt, il devient presque insupportable. Je veux crier, pour que ça s’arrête, mais je n’y arrive pas. Quelque chose, dans ma gorge, m’en empêche.

— On dirait qu’il se réveille, dit une voix à mes côtés.

J’ouvre les yeux.

La pièce dans laquelle je me trouve a tout de la chambre d’hôpital, service des soins intensifs. Il y a des appareils électroniques tout autour de moi. Les murs sont blancs, le plafond est blanc et d’une luminosité dont l’intérieur de l’abri m’a déshabitué depuis longtemps.

L’abri !

Un hoquet me reste en travers de l’œsophage, bloqué par le tube qui me relie au respirateur artificiel : manifestement, je ne suis plus dans l’abri. Mais où suis-je, alors ?

Une tête apparaît au-dessus de la mienne. On dirait celle d’un astronaute.

— Bonjour, je suis le Docteur Toad. Si vous m’entendez, clignez des yeux.

Je m’exécute aussitôt. Un sourire satisfait s’inscrit alors sur le visage de mon interlocuteur et une autre voix s’élève.

— Vous avez fait du bon travail, Docteur. Comme d’habitude ! Que ferions-nous sans vous ?

— Vous auriez dû mettre fin à vos expériences depuis longtemps, sourit le médecin derrière la vitre de son scaphandre.

J’essaie de tourner la tête pour voir la personne qui vient de parler, mais je n’y arrive pas. Je voudrais arracher ce tube, dans ma gorge, qui m’empêche de parler, mais mes mains sont bloquées.

— Calmez-vous, intervient le médecin. Il faut vous reposer : vous avez été salement amoché, quand même.

Salement amoché ? De quoi parle-t-il ?

Ah oui, ça me revient : Anna, Jimmy… Et eux, dans quel état ils sont ?

Les questions affluent d’un coup à mon cerveau. Si je ne suis plus dans l’abri, c’est que cette fichue porte a fini par s’ouvrir. Que quelqu’un est entré ! Mais comment est-ce possible ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Et pourquoi ce médecin porte-t-il un scaphandre ? J’ai été irradié ?

Et puis, aussi vite qu’elles sont arrivées, toutes ces questions semblent se diluer dans une espèce de brouillard. Mes yeux se ferment et j’ai la sensation de tomber dans le vide : on vient de m’endormir.

Quand je me réveille, j’entends à nouveau le bourdonnement. Il est toujours aussi fort, mais je me force à rester calme, les yeux fermés : il faut que je réfléchisse, il n’est pas question que je me laisse anesthésier une seconde fois.

La voix du Docteur Toad s’élève de nouveau à mes côtés.

— Il ne devrait pas tarder à se réveiller.

Bien vu, toubib ! Bon, après tout, c’est lui qui m’a endormi ; il savait forcément à peu près pour combien de temps.

La deuxième voix, à laquelle je n’ai pas pu associer de visage la dernière fois, s’élève à son tour.

— Il faudra l’extuber : je veux lui parler.

— C’est un peu tôt, mais il devrait tenir le choc.

Bien content de le savoir, messieurs !

Un tressaillement a dû m’échapper car la voix du Docteur Toad s’élève à nouveau.

— On y va.

Avant que j’aie le temps de comprendre, une sensation de brûlure remonte le long de mon torse. L’air s’engouffre dans ma poitrine en même temps que le tube en sort. Instinctivement, j’écarquille les yeux.

Deux scaphandriers me regardent.

À suivre

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