À l’abri (4)

Le début de cette histoire se trouve ici.

Haut-parleur dans l'abri

Ce n’était pas la voix habituelle. Celle-ci était euphorique. Comme exaltée.

— Il a pété les plombs, le speaker ? s’étonna Jimmy.

De fait, une autre voix, posée celle-là, ne tarda pas à s’élever dans les haut-parleurs.

— Nous nous excusons pour cette interruption indépendante de notre volonté. Croyez-bien que ce type d’incident ne se reproduira plus. Aujourd’hui, le taux de radiations minimal est de…

Je n’entendis jamais la fin de la phrase. Les derniers mots de Marco, jaillis des tréfonds de ma mémoire, venaient de me sauter à la figure : « si ça se trouve, ce qu’on nous raconte à la radio, c’est que des conneries ! »

Et s’il y avait du vrai là-dedans ? Si les radiations n’existaient pas ? Depuis des mois, nous restions enfermés comme de braves petits soldats, en attendant que l’on nous donne l’autorisation de sortir. Et si nous avions tort ? Après tout, dehors, ce n’était peut-être pas si dangereux. Peut-être même qu’il y avait du soleil…

Ce jour-là, je posai un regard neuf sur la porte. Comme si j’essayais de voir à travers.

Je finis par m’en approcher. Poser mes deux mains sur elle. Tendre l’oreille comme si elle pouvait me parler… Mes yeux accrochèrent la poignée. Impossible de les en détourner ! Je finis par la prendre à pleines mains.

— Qu’est-ce que tu fous ? gronda alors la voix d’Anna derrière moi. Tu n’y as quand même pas cru, à cette histoire de soleil ?

Je baissai la tête comme un gamin pris en faute. Avec la sensation d’être un parfait idiot.

 

Quand la radio avait-elle cessé d’émettre ? Je n’en sais rien. Personne n’en savait rien. D’ailleurs, il n’y avait aucun moyen de le savoir. C’était la radio (ou plutôt son flash quotidien de 13 h 27) qui nous permettait de conserver le fil des jours. Sans elle et sans la lumière du soleil, comment garder le sens du temps qui s’écoule ?

Il avait fallu que plusieurs jours passent avant que l’un d’entre nous ose prononcer les mots fatidiques :

— Ce n’est pas normal que la radio n’émette plus.

La vraie question était « pourquoi ? » Pourquoi ce foutu flash, dont je n’avais jamais compris l’horaire – 13 h 27, je vous demande un peu ! Qui avait bien pu choisir un horaire pareil ? – avait-il disparu ?

Le speaker en avait-il eu marre ? Était-il devenu fou ? Était-il mort ?

Comme mus par une espèce d’instinct de conservation (à moins que ce ne soit tout simplement l’habitude), nous avions continué à nous retrouver dans la salle d’accueil. Sans nous concerter, nous nous retrouvions tous les trois assis dans les fauteuils. Muets. Immobiles. Les yeux tournés vers les haut-parleurs.

Un jour, Jimmy se leva. Alla tapoter les membranes.

— Peut-être qu’ils sont tombés en panne ? suggéra-t-il.

Le regard misérable que lui jeta Anna le fit taire. Il fallait vraiment manquer d’imagination pour ne pas songer à autre chose…

L’incertitude commença à nous ronger.

À suivre

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4 réflexions au sujet de « À l’abri (4) »

    1. Bonjour,

      Merci pour ce premier commentaire 🙂
      Qu’attendez-vous de la suite ? À quelles questions souhaitez-vous trouver une réponse ?
      La fin de l’histoire n’est pas encore écrite 😉

      Florence

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