Pas un jour ne passe sans qu’on me pose la question banale par excellence : « ça va ? »
En temps normal, j’y réponds sans y penser. Par l’affirmative le plus souvent. Par la négative quand je suis vraiment malade. Par un « ça pourrait aller mieux » lorsque je suis entre deux. En tout cas, j’ai toujours une réponse toute prête. Évidente.
Toujours, sauf en ce moment.
Ambitieux et tyrannique,
Gravissant tous les échelons
Avidement, froid et cynique
Par habitude et par goût,
En un claquement de doigts, il devint
Suzerain d’une cour cathodique…
Le premier de ces adjectifs s’applique à ce qui a le caractère de l’enfance (et, par extension, ce qui n’est pas compliqué). On parlera ainsi de question enfantine (qui pourrait être posée par un enfant, même si en l’occurrence ce n’est pas le cas) ou de voix enfantine.
Le second adjectif se dit de ce qui se rapporte à l’enfant en bas âge. Par exemple : les maladies infantiles, un comportement infantile.
Alors, enfantin, de distinguer ces deux mots, ou pas ?
Rayonnante et lumineuse,
Étincelante de vérité,
Sans fioritures ni artifices,
Elle allait d’une porte à l’autre.
Allumant ici un feu de joie,
Unissant là deux univers.
Tendue vers un autre ailleurs,
Elle allait, toujours, de son pas vif,
Réunissant les hommes et les mots.
La phrase s’impose à mon esprit avec la persistance d’une goutte d’eau tombant de son robinet : Maman est morte.
Je voudrais l’envoyer promener. Oublier momentanément la réalité qu’elle reflète. Rien à faire. Elle est là, têtue, obstinée, imperturbable : Maman est morte.
Je m’endors, l’oreiller trempé de larmes, avec elle. Je me réveille, les yeux rouges et bouffis, avec elle.