L’étrangère

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Ce livre de Valérie Toranian est à la frontière entre fiction et récit de vie. Dans une zone un peu floue, où on se pose sans arrêt la question de la véracité des faits. Autant dire qu’il ne pouvait que m’attirer !

L’auteur nous raconte ici la vie de sa grand-mère. Son enfance dorée en Arménie, au début du xxe siècle. Son exode, en compagnie de sa mère, sa sœur et sa marraine, après que les Turcs eurent tué les hommes de la famille. Son arrivée à Alep après un périple aussi long que dangereux. Avec pour seul bien le diplôme de son défunt mari. Unique trace d’un monde qui n’existe plus.

Et puis, une nouvelle vie en France. Et cette petite-fille qui veut savoir.

Quatrième de couverture

« Elle tricote. Je sors mon carnet.
— Raconte-moi précisément ce qui s’est passé dans les convois…
— Plus tard…
Je rêve de recueillir cette histoire qui est aussi la mienne et elle s’y oppose comme une gamine butée.
— Quand plus tard ?
— Quand tu auras eu ton bébé. »
Aravni garde farouchement le silence sur son passé. Sa petite-fille, Valérie, aimerait pourtant qu’elle lui raconte son histoire, l’Arménie, Alep, Constantinople et Marseille. Dans ce récit qui traverse le siècle, elle écrit le roman de la vie, ou plutôt des vies d’Aravni : de la toute jeune fille fuyant le génocide arménien en 1915 jusqu’à la grand-mère aussi aimante qu’intransigeante qu’elle est devenue, elle donne à son existence percutée par l’Histoire une dimension universelle et rend hommage à cette grand-mère étrangère de la plus belle façon qui soit.

*****

Cette lecture m’en a beaucoup appris sur le génocide arménien. Un sujet vieux d’un siècle mais toujours sensible, comme l’a montré sa récente reconnaissance par les députés allemands.

Au-delà des conditions effrayantes de l’exode, j’ai surtout découvert à quel point le fait que ce génocide soit très peu reconnu (par une vingtaine de pays seulement) a pesé sur les épaules des survivants. Et pèse encore sur les générations suivantes.

On ne parlera jamais assez du rôle libérateur de la parole et de tout ce que peut apporter d’aide à la résilience le statut de victime.

J’ai beaucoup aimé L’étrangère, tant pour la finesse de son écriture que pour le témoignage qu’il apporte.

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