Plus tard… ou trop tard ?

Trop tard

Hier, c’était l’anniversaire de ma mère.

Si elle n’était pas morte il y a vingt et un mois, elle aurait eu 85 ans.

Hier, j’ai aussi rendu visite à une amie dont la mère est morte cette année. Elle me disait comme il lui arrivait encore souvent de se dire « tiens, il faudra que je demande à ma mère » quand elle avait des doutes sur un événement passé.

– On ne parle jamais assez avec ses parents.

C’est vrai : on ne prend pas assez le temps de discuter, d’échanger, de questionner. Il y a toujours quelque chose de plus urgent (ou qui semble plus important) à faire. On se dit qu’on aura le temps. Plus tard.

Mais un jour, il est tout simplement trop tard.

Trop tard parce que l’inéluctable est arrivé pour mettre un point final à l’histoire. Pour la clore définitivement et enlever toute possibilité d’en savoir plus.

Un autre ami a vu la mort de près, lors d’un accident. À 64 ans, il ne se trouvait pas assez vieux pour avoir quelque chose à raconter. Il se disait que ce genre de chose, il le ferait plus tard. Bien plus tard.

Sa chute au fond d’un ravin lui a fait changer de perspective. Comment savoir que demain, il ne sera pas trop tard ?

Nous avons tous des tas de choses à raconter. Des anecdotes personnelles…

Quand nos enfants nous posent des questions sur l’histoire familiale, c’est avec des étoiles dans les yeux qu’ils écoutent les réponses et demandent des détails supplémentaires.

Avouez que cela vous donne envie d’en dire plus !

Alors pourquoi attendre qu’il soit trop tard et les priver de ce qui est une partie d’eux-mêmes ?

6 réflexions au sujet de « Plus tard… ou trop tard ? »

  1. Ma mère est morte cette année, à la fin du printemps.

    Depuis plusieurs années déjà, ses propos étaient amers et vindicatifs. Comme un disque brisé auquel on avait toujours envie d’échapper.

    Par contre, elle avait des désirs tout simples qui mettaient de petites étoiles dans ces yeux. Elle voulait selon le vent qui souffle : des pantoufles bleues, un pantalon couleur framboise, un cardigan avec des poches profondes pour y enfouir ses Kleenex.

    Curieusement, dès que je circule dans les magasins, j’aperçois continuellement ces objets qui l’auraient comblée de plaisir.

    Il y a 2 semaines, j’ai même trouvé des pantoufles couleur framboise … que j’ai failli lui acheter par distraction … comme cadeau de Noël.

    Un discours en cache quelquefois un autre riche en émotions fugaces et désirs inassouvis.
    MarieBo Articles récents..MarieBo News – Mon premier ebook format Kindle ?My Profile

    1. Bonjour MarieBo,

      Merci pour ton témoignage.
      Je comprends tout à fait ta « distraction ». Il faut du temps pour assimiler l’absence et la première année est marquée de nombreux rendez-vous manqués…
      Pour ma part, si je n’ai plus ce genre de réaction, j’ai encore parfois des regrets, sur le mode « j’aurais dû… »
      Ce sera l’étape suivante !
      Quand ces regrets se seront éteints, il n’y aura plus que la douceur du souvenir 🙂
      Bonne journée

      Florence

    1. Bonjour MarieBo,

      Je l’ai utilisée parce que c’est vraiment comme cela que je vois les choses. L’absence de la personne morte est comme une substance (chimique ou autre) qui nous aurait été inoculée et que notre corps aurait du mal à assimiler.
      Pour l’alcool, il y a des cellules de dégrisement. Pour la mort, c’est le chemin du deuil…
      Belle journée à toi !

      Florence

  2. Cette réflexion sur la mort qui, de fait, arrive toujours trop tôt entre étrangement en résonance avec les tristes jours que mon mari et moi vivons actuellement.

    En effet, son ex-chef et ami qu’il a côtoyé plus de vingt ans, parti à la retraite il y a quelques mois vient de partir du jour au lendemain à à peine 60 ans !

    Tu dis « assimiler l’absence », mais avant elle, il s’agit d’abord d’assimiler tout court la réalité d’une perte quasi sans cause ou sans raison (et toujours tellement injuste) et qui renvoie à notre propre façon de « profiter » (ou pas) de la vie et à nos propres angoisses de la mort.

    S’agissant des parents et de la transmission de l’histoire familiale aux plus jeunes, moi aussi j’ai raté, à trois reprises, le coche…une fois, car c’était trop tôt et deux fois parce que c’était trop tard.

    Patricia

    1. Bonsoir Patricia,

      Toutes mes condoléances à ton mari et toi.
      La perte subite d’un ami, telle que vous la vivez, est encore une épreuve différente. Là où la mort d’un parent peut sembler « normale » (dans l’ordre des choses, en tout cas) celle d’une personne de son âge ou plus jeune éveille forcément certaines peurs, sur le mode « à quand mon tour ? »
      Vivre pleinement l’instant présent est la seule réponse qui vaille. Mais ce n’est pas toujours facile !
      Amicalement

      Florence

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