Tous semblables… et uniques !

Tous uniques

Lundi, nous avons vu pourquoi l’idée que faire le récit de sa vie serait une décision libre, fruit de sa propre volonté, était peut-être un leurre.

Pourquoi c’est une force beaucoup plus grande, incontrôlable car inconsciente, qui pousse dans cette direction.

Nous sommes tous semblables

C’est ce que la société nous dit. Ainsi que nos institutions. Elles l’affichent d’ailleurs en grand sur les murs de nos mairies : nous sommes égaux.

Disposant des mêmes droits, des mêmes devoirs, des mêmes possibilités, nous serions forcément interchangeables.

Tous mobiles

Les déplacements sont devenus tellement faciles qu’il n’est pas rare d’habiter en province (parfois très loin) et de travailler à Paris. L’inverse est moins courant 🙂

Nous sommes mobiles sur le plan géographique, mais aussi sur le plan social. D’une génération à l’autre, les catégories socioprofessionnelles qui étaient pratiquement immuables au siècle dernier sont devenues volatiles.

Avant, le fils de médecin était médecin ; le fils d’ouvrier était ouvrier. Aujourd’hui, la même personne, au cours de son existence, peut successivement être cadre supérieur, artiste, et maraîcher.

Tous cultivés

Avec l’avènement des médias de masse (la télévision hier, Internet aujourd’hui) l’accès à la culture n’est plus réservé à une élite citadine et bourgeoise.

La littérature, le théâtre, l’opéra, les musées… Tout arrive à domicile. Les écarts s’estompent.

En même temps, les fictions qui font le tour du monde uniformisent les modes de vie et de pensée. La culture devient planétaire.

Mais tous uniques !

Au fond de lui, chacun sait pourtant qu’il est unique. Les médias eux-mêmes diffusent cette conviction en multipliant les témoignages, voire les émissions de télé-réalité.

Si mon voisin passe à la télévision, si mon frère a un site web, pourquoi pas moi ?

Quand la religion catholique était omniprésente dans notre pays, il existait une oreille sinon attentive du moins disponible et accueillante pour celui ou celle qui souhaitait se raconter : celle de son confesseur. Mais aujourd’hui ?

Plus personne n’écoute. Ou si peu. Par contre, tout le monde a appris à lire et à écrire.

Pour être entendu, faire le récit de sa vie serait-il devenu indispensable ?

4 réflexions au sujet de « Tous semblables… et uniques ! »

  1. Bonjour Florence,

    Pour être entendu certes, mais j’irai même plus loin : pour être reconnu (par sa différence, par son parcours, par sa personnalité, par ses relations…), être reconnu comme un individu à part entière et ainsi, sortir de la multitude uniformisée.

    Patricia

    1. Bonjour Patricia,

      En effet. Ce qui nous ramène à l’article précédent 🙂
      Bonne journée

      Florence

  2. Bonjour Florence,
    Merci pour ces sujets toujours aussi intéressants qui nous poussent à réfléchir sur le sens de la vie.
    Tous semblables, c’est aussi ce que nous souhaitons être à travers nos modes de vie, nos idées toutes faites… Fort sentiment d’appartenance à un groupe, surtout à l’adolescence.
    Quand j’étais jeune je haïssais ma vie car elle était différente de celle de mes camarades. Aujourd’hui, je suis fière de mes racines, de mes différences. J’en ai même fait une force. Je ne veux surtout pas être un mouton de Panurge qui suit aveuglément sans réfléchir le troupeau. Ce qui me fait le plus peur, c’est la pensée unique, c’est-à-dire l’illusion que nous sommes libres. Pour ma part, je veux être moi-même avec tout ce que cela comporte de renoncement et s’il le faut, marcher à contre-courant. J’ai réussi à défier les statistiques qui me prédisaient un avenir semé d’échecs. Pour moi, c’est comme une revanche du social.

    Pour répondre à votre question : « pour être entendu, faire le récit de vie, serait-il devenu indispensable ?
    Ma réponse est la suivante : je crains que oui. Où trouver une oreille attentive ? Qui va s’intéresser à notre vécu ? Qui va nous porter une attention particulière ? Le psychologue bien sûr, me direz-vous ! Mais personne n’en aura connaissance.
    Le biographe est à mon sens le mieux doté pour répondre à ces attentes qui se font de plus en plus pressantes et je dirai même légitimes.

    Angélique

    1. Bonjour Angélique,

      Merci pour ce commentaire et le partage de votre expérience personnelle 🙂
      Le besoin d’appartenance à un groupe est en effet bien réel, mais plus ou moins développé selon les personnes. Le besoin d’exister en tant qu’être unique est bien réel lui aussi. Notre positionnement entre ces deux extrémités varie au fil de notre existence et vous le racontez très bien.
      Le récit du vie est en tout cas un bon outil pour exposer son individualité.
      Bonne journée

      Florence

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