Mortel vendredi 13

Du sang et des larmes
J’ai longtemps hésité avant d’écrire cet article, consécutif aux attentats de Paris de la semaine dernière. Écrire pour dire quoi, sous quelle forme ? Il y a déjà tellement de mots qui ont été diffusés, éparpillés, puis déformés. Fallait-il en rajouter ?

Mais je ressens un certain malaise face à l’élan national bleu-blanc-rouge qui s’est déployé et il m’a paru nécessaire d’en parler. Au risque d’être mal comprise. Mais après tout, on sait bien qu’entre ce que l’on veut essayer de dire, ce que l’on dit vraiment, et ce que les autres comprennent, il y a toujours un monde ! Alors, allons-y.

Bien sûr, il y a l’horreur de tous ces morts, de leurs proches endeuillés, de tous ces blessés dont la vie ne sera plus jamais la même, de l’arbitraire et du hasard. Je ne suis pas insensible à ces drames, à ces images dont les media nous ont abreuvés. Je ressens une réelle compassion pour tous ces gens.

Mais en même temps, je sais à quel point il est tragiquement banal dans le monde (moyen-oriental et du Sud, de façon générale) de voir des innocents mourir sous les balles des kalachnikovs. À quel point le monde (occidental) est indifférent à ces milliers de morts qui ont lieu hors de ses frontières.

La réaction mondiale à ces attentats, cette solidarité avec Paris affichée par de nombreux pays, fait chaud au cœur. Évidemment. Nous nous sentons soutenus, entourés, épaulés… Mais n’est-elle pas susceptible aussi d’attiser la haine qui est à l’origine de nos morts ?

Cette réaction planétaire épidermique pour « seulement » 130 morts ne va-t-elle pas exacerber la colère de ceux qui voient leurs compatriotes mourir par milliers, parfois par millions (comme au Congo) sans que le monde ne réagisse ? Et de la colère à la haine, puis à l’attentat suicide, la route est-elle si longue ? Je n’en suis pas sûre.

Lorsqu’on ne se voit aucun avenir, lorsqu’on a la rage au ventre, il est clair que la vie n’a pas la même valeur. S’offrir en martyr à une cause, quelle qu’elle soit, peut alors avoir du sens.

Réagir par les armes, c’est appliquer la loi du talion. Œil pour œil, dent pour dent. C’est ajouter de la violence à la violence. Souffler sur un incendie. Inutile de dire que je suis très sceptique quant aux éventuels résultats positifs d’une telle action.

L’État français fait la guerre un peu partout dans le monde depuis des décennies, pour ne pas dire depuis toujours. Cela reste très abstrait pour tous ceux qui n’ont jamais été confrontés à ce genre de situation. Ce vendredi 13 aura rappelé à tous que la guerre, ce n’est pas juste des images comme dans les jeux vidéo. C’est aussi du sang et des larmes.

La prise de conscience peut être salutaire. Ou pas.

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4 réflexions au sujet de « Mortel vendredi 13 »

    1. Bonjour Christophe,

      Bienvenue sur mon blog et merci pour ce commentaire.
      Je pense que nous sommes un certain nombre à voir les choses de cette façon. Sans doute pas la majorité, malheureusement…

      Florence

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