Je ne sais pas par où commencer…

À la gare
Elle a soixante-neuf ans, habite un village à quelques kilomètres de chez moi, et je la croise régulièrement. Souvent, elle me parle de sa famille.

Comme toutes les grands-mères, elle a le vertige à la simple évocation de sa jeunesse. Pas parce qu’elle lui paraît si loin dans le passé… mais parce qu’elle est tellement différente de celle de ses petits-enfants !

Alors, comme de nombreuses grands-mères, il lui arrive d’avoir envie de raconter sa vie. De mettre par écrit tous ses souvenirs. Avant qu’ils ne disparaissent avec elle.

– Mais je ne sais pas par où commencer ! se désole-t-elle.

Je lui suggère, comme toujours, de commencer par… le commencement ! La première phrase ressemble souvent à « je suis né(e) tel jour à tel endroit ». Cela n’a l’air de rien, mais une fois qu’on a commencé à tirer sur le bout de la ficelle, des tas de choses arrivent.

Description de la famille : parents, grands-parents, frères et sœurs éventuels… Description de la maison, du hameau, du village, du quartier… Quelques repères historiques liés à la période de naissance…

Gentiment, la ficelle se déroule. Et lorsqu’un nœud mal placé la freine dans son élan, je suis là pour le dénouer en relançant la discussion. En posant une ou deux questions qui permettent d’aller plus loin.

Elle ne paraît pas convaincue. Je le vois à son air rêveur. Et puis, elle se met à raconter, comme se parlant à elle-même. Elle est née à Marseille, tout près de la gare. Son père travaillait d’ailleurs à l’entretien des voies ferrées et ils prenaient tellement facilement le train qu’ils n’ont jamais eu de voiture…

Pendant plusieurs minutes, je la laisse faire sans l’interrompre. Je ne travaille pas avec elle, nous sommes juste en train de discuter. Mais je vois que l’idée d’aller plus loin fait son chemin dans sa tête. Et elle voit que je le vois. Quand elle se tait, son sourire fait écho au mien.

– Un jour, il faudra que je m’y mette sérieusement ! dit-elle finalement.

Et nous nous quittons toutes les deux avec du soleil dans les yeux 🙂

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4 réflexions au sujet de « Je ne sais pas par où commencer… »

    1. Bonjour Jean-Philippe,

      Je crois que je sais, oui… Mais quelle constance, bon sang, quelle constance…
      Il faudra bien qu’elle finisse par payer ^^

      Florence

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