André (3)

Cette histoire a commencé là : http://www.amotsdelies.com/blog/2013/07/andre-1/

Camp militaire 1939-1945

À Buzançais, il quitte le Chemin de fer du Blanc-Argent pour monter dans un train qui va l’amener à Châteauroux. Là, il devra de nouveau changer de ligne pour atteindre enfin Issoudun et rejoindre le camp où il va faire ses classes.

Il n’est pas au bout de ses peines…

Heureusement, dès Châteauroux, il retrouve d’autres jeunes gens, engagés comme lui, en route vers leur première affectation. À La Taverne Berrichonne, où ils déjeunent en attendant le train de 14 h 15 pour Issoudun, ils sont déjà cinq.

Dans le train, ils retrouvent une bonne douzaine d’autres futurs soldats, en provenance de tous les coins de l’Indre et de toutes les classes. À eux seuls, ils occupent la moitié d’un wagon !

Finalement, c’est à dix-huit qu’ils arrivent, pratiquement à la nuit tombée, au camp de Fay-Segry, après avoir parcouru à pied les huit kilomètres qui séparent le camp de la ville.

 

Le premier repas pris au camp est difficile à avaler : il n’y a plus de vin (l’approvisionnement est resté en panne à Issoudun) et l’eau, polluée, n’est pas consommable.

« Heureusement qu’on a trinqué à Châteauroux ! » remarquent André et ses nouveaux amis.

La nuit non plus n’est pas des plus faciles. Avec pour seul équipement de couchage une capote et un unique malheureux poêle installé en catastrophe par les futurs soldats eux-mêmes dans l’immense chambrée, on a beau être quarante-cinq, on n’a pas bien chaud.

Autant dire que les deux quarts de café du lendemain matin sont les bienvenus !

 

Le camp n’est pas le lieu le plus agréable qui soit, loin s’en faut. Les alentours ont tout du désert. Pas d’arbres, pas de maisons, juste de la terre boueuse.

« Heureusement qu’on n’y passera qu’un mois ! » se dit André.

Ce premier jour (comme les suivants le seront) est consacré à de la culture physique. Apprentissage de la marche au pas (le b.a.-ba de toute instruction militaire) et exercices en tous genres, sous l’égide d’un moniteur.

Le soir, la troupe de théâtre du camp donne une représentation. Elle n’est pas tendre avec l’institution.

« Ce n’est pas un camp, à Fay-Segry, c’est un stalag ! » s’exclame un bleu dans le spectacle.

André et les autres nouveaux venus sont prévenus…

De fait, s’ils ne sont pas prisonniers, leurs conditions de séjour ne sont guère meilleures. Ainsi, leur deuxième nuit est encore plus froide que la première. Dans leurs vêtements civils, juste munis de leur capote, ils se réveillent littéralement gelés.

« Si ça continue, on va tomber malade… » grommelle l’un d’entre eux.

Autant dire que les sacs de couchage et les couvertures canadiennes distribués le samedi sont appréciés !

 

Dimanche après-midi, histoire de mêler l’utile et l’agréable (si l’on peut dire) André et les autres nouvelles recrues partent à la recherche de bois mort pour alimenter les poêles qui tentent tant bien que mal de chauffer les chambrées. C’est l’occasion de continuer l’entraînement physique : quatorze kilomètres de marche sont au programme.

Sur le chemin du retour, le lieutenant en charge du groupe organise une pause dans le village de Segry et offre un verre de vin blanc à chacun. Les hommes apprécient :

« Ça change de ce qui nous est servi au camp ! »

En effet, si l’approvisionnement en vin rouge a fini par arriver, le breuvage servi à table tient plus du bromure que du nectar : il brûle littéralement les estomacs.

Le reste de l’équipement tarde à arriver : les hommes n’ont toujours ni chaussures ni uniformes. Même le matériel le plus élémentaire manque. André écrit donc à sa famille pour demander qu’on lui envoie un quart (ou un gobelet quelconque), une cuiller, une fourchette, des allumettes, une savonnette, du papier à lettres et des enveloppes… et des cahiers pour noter la théorie. Les nouvelles recrues n’ayant droit à aucune permission, il ne peut pas se les procurer lui-même à Issoudun.

Le froid de ces premières nuits, allié aux conditions spartiates d’hébergement et aux efforts physiques, commence à générer une vraie hécatombe parmi les hommes : ce lundi matin, ils sont une dizaine de la même chambrée à se faire porter malades. Sans doute la grippe.

À suivre

5 réflexions au sujet de « André (3) »

  1. Bonjour à tous,

    Toujours des problèmes avec les commentaires… Les miens passent, mais pas ceux des autres, apparemment : je reçois des mails me disant que des commentaires ont été postés… mais toutes les infos (nom de la personne, commentaire, adresse IP…) sont vides.
    Quelqu’un aurait une idée ?

    Florence

  2. Je tente ma chance, on verra bien !
    Cette histoire me rappelle ce que me racontait mon grand-père de SA guerre. Merci de le faire revivre !!

    1. Bonjour Geoffroy,

      Votre commentaire est bien passé. Apparemment, les problèmes sont résolus…
      Merci pour votre soutien ! Je suis ravie d’avoir ravivé de bons souvenirs 🙂

      Florence

  3. Bonsoir Florence,

    Ton récit me renvois aux récits d’henri Troyat dans les semailles et les moissons avec Amélie…Ah combien de soirées, de jours à lire ces aventures…
    Il y a bien longtemps de cela, tes récits me passionne.

    J’attends la suite avec impatience…

    Bon j’espère pour ces hommes que ce n’est pas la grippe ?

    Au prochain épisode donc,

    Hélène
    helene@Objectif-Reussite Articles récents..Œuvres d’art à profusion à la boutique « Bonheurs de vie »My Profile

    1. Bonjour Hélène,

      La suite arrive 🙂
      Pour certains, il ne s’agira que d’un refroidissement, mais pas pour tous…

      Florence

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