Les 15 derniers jours (8)

Cette histoire a commencé là : http://www.amotsdelies.com/blog/2012/12/les-15-derniers-jours-1/

Graffitis chaos fin du monde

Indifférents, les messagers continuent leur chemin. Aujourd’hui, ils ne sont pas là pour convaincre.

 

Sur les murs, les scènes de chaos sont nombreuses. Lorsqu’on s’en approche, il émane d’elles une tension qui vous prend à la gorge. À tel point que, très vite, la jeune fille a l’impression d’étouffer.

Alors qu’elle recule de quelques pas pour retrouver un peu d’air, une scène qu’elle n’avait pas remarquée, isolée sur un pan de mur sombre, attire son attention.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? » murmure-t-elle.

Reliés par des fils à ce qui ressemble à s’y méprendre à une soucoupe volante, des silhouettes semblent quitter le sol. Un cône de lumière surplombe l’ensemble.

« Des extra-terrestres ? Il n’a jamais été question de trucs pareils… »

Éloïse s’approche lentement. Elle est comme attirée par le dessin. Ses jambes semblent se mouvoir contre sa volonté.

« Je deviens folle… »

Sur ce qui ressemble à une soucoupe volante, une succession de fenêtres a été représentée. Des silhouettes sont à l’intérieur. Des passagers ? L’une d’elles s’impose soudain au regard de la jeune fille : celle d’un homme, au visage couleur d’ébène, fendu d’un large sourire.

« Ambroise. »

D’un doigt tremblant, Éloïse suit le contour du dessin.

« Ce n’est pas possible… »

Il faut pourtant se rendre à l’évidence : il y a bel et bien un personnage qui ressemble à s’y méprendre à Ambroise. La jeune fille se frotte les yeux, comme pour en détacher l’image qu’elle ne voudrait pas voir, mais il n’y a rien à faire : le sourire du jeune homme continue de la narguer sur le mur.

 

Comme chaque soir, ou presque, avant de rentrer chez elle, la jeune fille fait un crochet par l’appartement de Jérémy. Et comme chaque soir, ou presque, elle le trouve installé devant son ordinateur.

Jérémy est le genre d’être humain qui semble avoir été conçu exclusivement pour taper sur un clavier et manipuler une souris.

« Alors, ça y est, t’as vérifié ton truc ? lui demande le jeune homme.

— Quel truc ?

— Je ne sais pas. Hier, t’es partie tout d’un coup, en disant que tu devais vérifier un truc… C’était au sujet d’Ambroise. »

Éloïse rougit.

« Je l’ai cherché dans l’annuaire, avoue-t-elle.

— L’annuaire ? Papier, tu veux dire ?

— Oui. »

Sûre d’essuyer des sarcasmes, la jeune fille prend les devants.

« Puisqu’il était introuvable par les nouvelles technologies, je me suis dit qu’il fallait procéder à l’ancienne.

— Et tu t’es coltinée toutes les pages de l’annuaire ? Non, parce qu’Ambroise, c’est son prénom, je te rappelle ! »

Le sourire goguenard de Jérémy s’élargit encore.

« Et… Tu as regardé tous les annuaires de France ? »

Cette fois, Éloïse est cramoisie. Évidemment qu’elle n’a pas regardé partout… Déjà, éplucher méticuleusement toutes les pages de la ville lui a semblé interminable.

Jérémy n’a pas tort de se moquer d’elle : cette idée d’annuaire était ridicule.

Pourtant, son intuition lui dit que c’est dans cette direction-là qu’il faut continuer à chercher… Que le vieux monde du papier lui apportera des réponses.

 

Lundi 10 décembre, saint Romaric. Encore un saint dont personne n’a jamais entendu parler… Éloïse résiste pourtant à la curiosité de chercher ce qui lui a valu d’être sanctifié. Un autre saint (Ambroise, bien sûr) lui occupe trop l’esprit.

Aujourd’hui, le thé ne finit pas dans l’évier. Et Éloïse, comme la plupart des étudiants maintenant, n’ira pas en cours. Elle a mieux à faire : trouver Ambroise. Le temps presse, il n’y a plus que dix jours. Dix jours pour comprendre qui il est et ce qu’il lui veut.

Dans le métro, son smartphone se met à vibrer. C’est Manue qui lui envoie un message.

Trop calé, ton Ambroise ! Je viens de faire sa connaissance. Finalement, t’étais pas complètement ouf 🙂

Éloïse sent son cœur rater un battement. Ambroise a rencontré Manue ! Ou l’inverse. Samedi, c’était Jérémy ! L’étau se resserre autour d’elle.

Elle qui veut le retrouver et qui n’y arrive pas.

Vite, elle répond à son amie.

Tu l’as vu où ? Il est encore là ?

« Merde ! Y’a plus de réseau ! »

Le temps de récupérer la connexion, le message part enfin. Trop tard, manifestement. La réponse de Manue met Éloïse au bord de la crise de nerfs :

Je l’ai laissé pour venir à l’amphi B : y’a un nouveau meeting. Il était dans le hall d’entrée.

Quand la rame de métro freine enfin dans sa gare de destination, l’étudiante jaillit littéralement de son siège. Dès l’ouverture des portes, elle se rue à l’extérieur, bousculant tout le monde sur son passage.

« Eh ! Pouvez pas faire attention, non ?

— Pauvre tarée !

— Connasse ! »

Les insultes fusent autour d’elle, mais Éloïse n’en a cure. Tout son être est tendu vers une cible et une seule : Ambroise.

Hors d’haleine, elle déboule à toute vitesse dans le hall d’entrée de l’université. Mais ce qu’elle y voit l’arrête net.

À suivre

 

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